L'Attracteur     No. 14     Hiver 2003
LA REVUE DE PHYSIQUE
ISSN: 1205-8505

Le cryostat


Neptune, inaltérable
Neptune, inaltérable
Gracieuseté du site exoscin
C’est bien beau, tout ça, la cryogénie… mais, où croisons-nous de si basses températures?  Certes, le froid des planète éloignées de notre système solaire atteint des valeurs assez basses pour permettre l’étude des basses températures, mais à quel prix!  Imaginez la témérité nécessaire pour installer un laboratoire cryogénique sur Neptune… Ceci explique le développement sur Terre de techniques permettant d’atteindre des températures de l’ordre des dizaines de Kelvin (-260°C).
Pour y arriver, les scientifiques utilisent un équipement spécial, le cryostat, qui conservera froide une enceinte sur laquelle agiront différents procédés réfrigérants.  Or, l’efficacité de ceux-ci exige un afflux de chaleur minimal.  Sachant qu’une augmentation de l’écart de température (entre le laboratoire et l’enceinte froide), augmente cet afflux, vous comprendrez alors l’importance de bien comprendre les trois types de propagation de la chaleur, à savoir : le rayonnement, la convection et la conduction.
Lorsqu’on assiste à un phénomène de conduction, la chaleur passe d’un endroit à l’autre à travers la matière sans déplacement de particules.  Par exemple, les particules d’une barre métallique chauffée à l’une de ses extrémités, gagnent en énergie et commencent à s’exciter.  Leur agitation s’accroît.  Du coup, elles entrent en collision plus souvent avec leurs voisines, les agitant davantage.  L’énergie se transmet ainsi, peu à peu, d’un bout à l’autre de la tige.  Voilà comment s’échauffe le manche d’un ustensile métallique plongé en partie dans un contenant d’eau chaude (votre café par exemple).
La convection correspond au mode de transport d’énergie où la chaleur est « entraînée » par un fluide.  Examinons l’eau d’une casserole placée sur une source de chaleur.  Au fond de la casserole, l’eau réchauffée, moins dense que l’eau environnante, monte vers la surface.  Au contact de l’air ambiant plus froid, l’eau se refroidit.  Devenant plus dense, l’eau retourne au fond pour reprendre le cycle de chauffage.  Ainsi, l’eau se déplace dans la casserole, créant un mouvement de convection.
La propagation de la chaleur par rayonnement ne nécessite pas de support matériel et donc est particulièrement à l’œuvre dans l’Univers, où règne un vide excellent. Dans ce cas, ce sont les ondes électromagnétiques qui transportent l’énergie. La lumière visible et infrarouge, émise par le Soleil, réchauffe la Terre de cette façon : le jour, il fait chaud et, la nuit, la température chute.
Pour pallier aux trois types de propagation de la chaleur, l’enceinte froide d’un cryostat repose sur une enceinte externe par le biais d’une structure faite d’un matériau à faible conductivité thermique et minimisant les contacts afin de réduire au maximum le transfert de chaleur par conduction.  Un vide, maintenu entre les deux enceintes, élimine le transfert de chaleur par convection.  En outre, une pellicule métallisée restreignant l’émission et l’absorption de radiation infrarouge recouvre les deux enceintes.  En réalité, ce système de protection contre la chaleur comporte plusieurs chambres, à la manière des poupées russes.  La première chambre maintient la température à 77 K avec un apport d’azote liquide et une autre plus interne est maintenue à 4 K par un apport d’hélium liquide.
Schéma d'un cryostat.  Au centre, l'enceinte d'hélium liquide est séparée par un vide de l'enceinte à l'azote liquide, elle-même séparée par un vide de l'enceinte extérieure.
LCD f

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