L'Attracteur     No. 14     Hiver 2003
LA REVUE DE PHYSIQUE
ISSN: 1205-8505

Les traitements cryogéniques


Une branche de la médecine, la cryochirurgie, met à profit les propriétés bénéfiques du froid pour la santé de l’homme.  Voilà déjà plus de 20 ans que certains spécialistes l’utilisent pour traiter la peau.  Tous ceux qui se font « brûler » une verrue le savent!  Maintenant, certains chirurgiens recourent au froid pour remplacer l’usage du bistouri.  Une des proies les plus en vue : le cancer.
La revue Urology rapporte qu’environ 97% des hommes traités sans succès par la chimiothérapie et par la radiothérapie pour un cancer de la prostate ont été complètement guéri et ce, dans de plus brefs délais, par un traitement cryogénique.
En quoi consiste un traitement cryogénique contre le cancer?  Rien de plus simple.  Sous anesthésie locale, les cryochirurgiens (chirurgiens qui utilisent la cryogénie dans leur traitement) insèrent une sonde jusqu’à l’emplacement de la tumeur.  Ensuite, ils la congèlent avec de l’argon liquide, un élément chimique inerte.  Les spécialistes s’assurent ainsi que le gaz ne réagira pas avec quoique ce soit.  Les cellules situées au centre de la tumeur meurent presque instantanément sous l’effet du liquide cryogénique dont la température moyenne vaut environ –180°C.  Toutefois, la température des cellules situées sur le pourtour de la tumeur ne descendra pas plus bas que –30°C, une température limite à la viabilité des cellules.  Les spécialistes font alors subir des cycles de congélation et de décongélation successifs à la tumeur.  Le traumatisme subi par ces variations de température répétées viendra à bout de toutes les cellules.  Après quelques jours, la tumeur fait place à un amas de tissus qui se dégradent tranquillement.  Le patient se remet sur pied quelques semaines après la chirurgie ne comptant que quelques incisions mineures, aucun effet secondaire notable, aucune complication et de meilleures chances de réussite…
Et les bienfaits de la cryochirurgie ne s’arrêtent pas là.  Certains spécialistes l’envisagent même comme « vaccin » contre le cancer.  Selon eux, le système immunitaire d’un patient reconnaît les cellules cancéreuses traitées avec le froid au cours de leur élimination par l’organisme.  Cette hypothèse serait renforcée, entre autres, par un taux de rechute moins élevé chez les patients traités par la cryogénie que ceux traités par les moyens classiques pour combattre le cancer.
Alors, pourquoi avoir attendu si longtemps avant d’utiliser les bienfaits du froid contre le cancer?  Pour la simple et bonne raison qu’il fallait d’abord développer la technologie adéquate.  Aujourd’hui, les coûts de la liquéfaction de plusieurs gaz inertes baissent à cause de l’amélioration constante des techniques en cryogénie.  Maintenant, les applications du froid en médecine se multiplient.  Les spécialistes expérimentent la cryogénie pour traiter les cancers du rein, du sein, du foie, des os et bien d’autres.
 
La cryothérapie pourrait éventuellement remplacer les techniques actuelles pour combattre le cancer pour les simples et bonnes raisons qu’elle est beaucoup plus efficace et moins coûteuse...
Certains médecins ont constaté que l’utilisation conjuguée de la radiothérapie et de la cryothérapie (traitements cryogéniques contre le cancer) améliorait les chances de succès pour vaincre la maladie.  On diminue d’abord l’ampleur de la tumeur cancéreuse grâce à la cryothérapie, ensuite, on entreprend un traitement de radiothérapie.  Aucune étude sérieuse n’est encore terminée, mais plusieurs spécialistes constatent, en effet, que l’efficacité de la radiothérapie est grandement améliorée si elle est précédée d’une séance de cryothérapie.
La cryochirurgie améliore aussi l’efficacité de la chimiothérapie.  Voici l’explication trouvée par les spécialistes La chimiothérapie serait tout simplement mieux captée par les zones préalablement traitées par la cryothérapie, parce que la cryothérapie détruit uniquement les petits vaisseaux sanguins sans abîmer les plus gros.  Ainsi, les substances administrées, au cours de séances de chimiothérapie, à un patient se rendraient donc plus directement à la tumeur cancéreuse sans se subdiviser inutilement dans les petits vaisseaux sanguins.
Certains spécialistes recourent même à la cryothérapie pour traiter des cas d’arthrite aigu.  Ils insèrent une sonde « cryothérapeutique » dans l’articulation douloureuse et détruisent les quelques petits nerfs en question par le froid.  Les patients se rétablissent alors de grands maux sans l’aide de thérapie ou d’analgésique.  Quoi de plus merveilleux?
Cependant, la cryothérapie ne sera considérée comme une méthode efficace et reconnue par le milieu médical, qu’avec preuves à l’appui.  Plusieurs études devront être complétées avant de pouvoir lui attribuer les mérites qui lui reviennent.  Comme aucun effet secondaire notable et important ne lui est, jusqu’à ce jour, connu, les spécialistes fondent leur espoir dans ce type de traitement.  La cryothérapie a déjà connu bon nombre de succès pour traiter les cancers du sein et du foie.  Elle représente une solution des plus efficaces.  Cependant, sans études plus approfondies, elle ne sera pas considérée comme une méthode reconnue.  Reste seulement à espérer que nous aurons la chance de bénéficier de ses bienfaits dans les plus brefs délais...
LCD f

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Bibliographie