L'Attracteur     No. 2     Hiver 1996 LA REVUE DE PHYSIQUE ISSN 1207-0203
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Sur la mauvais pente

par Catherine Pepin

La croyance populaire place souvent les scientifiques dans une bulle, coupés du monde et de la réalité. Influencés par ces stéréotypes et ces préjugés négatifs, les jeunes étudiantes et étudiants se désintéressent des sciences. N'arrivant pas créer des liens solides entre ce qu'ils apprennent à l'école et les phénomènes de la vie courante, ils se découragent et se détournent des carrières scientifiques. Cependant, notre quotidien devenant de plus en plus technologique, il devient impératif de détruire l'image du "génie à lunettes et sarrau blanc" afin de revaloriser les sciences aux yeux des jeunes.

Les élèves du secondaire trouvent les cours de sciences ennuyeux et difficiles. Selon la mentalité générale, seuls les bollés peuvent "survivre au système" et accéder à une carrière scientifique. On déplore aussi l'énorme proportion des filles qui semblent être touchée par le phénomène. En effet, selon une étude de l'Université du Michigan, les filles performeraient moins bien que les garçons en sciences (principalement en physique). Cette lacune ne serait pas due nécessairement à un manque d'intérêt de leur part, mais plutôt à l'absence de contact avec le milieu scientifique. Toujours selon cette équipe de recherche, l'expérimentation en classe ainsi que "l'étude de cas" en équipe aurait un impact significatif sur la motivation des étudiantes et étudiants pour les matières scientifiques. Ces méthodes pédagogiques permettent aux jeunes de découvrir et de comprendre par eux-même les phénomènes étudiés. Il semble donc tout indiqué de miser sur l'expérimentation pour les éveiller au monde des sciences et ce, dès l'école primaire.

Cependant, cette profession de foi pour l'enseignement des sciences ne renferme pas seulement un grand idéal, elle devient de plus en plus une urgente nécessité. Entre 1991 et 1993, le Canada a glissé du 5e au 14e rang des pays industrialisés en ce qui a trait à la compétitivité économique. Selon le Rapport de conjoncture 1994 publié par le Conseil des sciences et de la technologie du Québec, la trop lente évolution de la culture scientifique et technologique québécoise serait responsable de ce marasme. Ce rapport mentionne que "478 000 nouveaux emplois auraient été créés en 1993 dont 65 % auraient été attribués à des universitaires. Au cours de la même période, 671 000 emplois exigeant en deçà d'un diplôme d'études secondaires auraient été abolis" (p.27).

Il nous faut donc renverser la situation et développer une culture scientifique intéressante et accessible qui attirera les étudiantes et étudiants tout en étant efficace au niveau économique. Dans cette optique, un organisme tel que Les Innovateurs à l'école est un outil de premier plan pour contribuer à la sensibilisation des jeunes. Le Rapport de conjoncture 1994 suggère d'autres éléments afin d'améliorer la situation. Entre autres, il propose de viser l'interdisciplinarité, l'actualisation et le décloisonnement des sciences à l'école afin que les étudiantes et étudiants puissent se construire une vision d'ensemble du milieu scientifique. De plus, il propose aux conseillères et conseillers en oriention ainsi qu'aux professeures et professeurs de sciences de diriger leurs bons candidats vers des carrières scientifiques physiques plutôt qu'en sciences de la santé afin de contribuer au redressement de l'économie. Ce rapport propose aussi l'implication en milieu scolaire d'ingénieures, d'ingénieurs et de scientifiques provenant de l'entreprise pour sensibiliser les jeunes à ces domaines professionnels bien souvent méconnus.


Source
Conseil de la science et de la technologie du Québec
Miser sur le savoir, rapport de conjonture 1994 : la culture scientifique et technologique
Québec,1994, 99 pages.


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Dernière mise à jour: 18 mars 1996.

Mise en page par Gilbert Vachon

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