Un physicien travaillant dans une salle propre

Jadis, la recherche scientifique se faisait essentiellement, sinon exclusivement, dans le milieu universitaire. Les porteurs du haut savoir scientifique comblaient la double tâche de chercheur et de professeur.

Aujourd’hui, laboratoires privés et laboratoires industriels sont monnaie courante. De plus en plus de chercheurs sont amenés à quitter le monde académique pour le monde industriel. Ils sont devenus des acteurs importants pour l’entreprise et le monde des affaires.

On a vu, il y a quelques années, les premières envolées de chercheurs en direction du monde industriel. Cette migration fut surprenante mais sa nécessité est encore indéniable! Elle provient à la fois d’un besoin de l’entreprise, d’un besoin du chercheur et d’une exigence de la société.

Pour les entreprises, il est indispensable d’acquérir des technologies de production rentables et de développer des produits à l’avant-garde. « Il faut que les entreprises comme Bombardier, Domtar ou C-Mac progressent en terme de développement scientifique sinon elles seront menacées dans leur existence » explique M. Alain Caillé, vice-recteur (89 à 96) à la recherche de l’Université de Sherbrooke. Les chercheurs sont donc essentiels à l’entreprise, car ce sont eux qui sont capables d’amener l’information et l’ouverture sur le monde nécessaires au progrès de l’entreprise. La compétition est féroce entre les entreprises et elle se fait surtout au niveau de la recherche et du développement. Il faut qu’elles agissent, et vite!

D’autre part, le chercheur voit dans l’entreprise un bon moyen de financement. En effet, alors qu’à l’université le chercheur doit assurer plus de 90 % du financement de sa propre opération, les fonds du chercheur en entreprise font partie intégrante du budget de celle-ci. « L’État n’augmente pas ou restreint ses subventions, indique M. Caillé. Le chercheur vise donc un nouveau soutien financier pour ses recherches ».

Finalement, cette métamorphose est exigée par la société. « C’est la recherche qui, par son application, assure l’avancement et le développement social et économique du pays », signale le vice-recteur. À ce sujet, les gouvernements canadien et québécois ne cessent de rappeler au milieu universitaire la nécessité de transférer rapidement le savoir des universités vers l’entreprise pour qu’il serve à la société. N’oublions pas que lorsqu’une découverte a lieu, son application génère des emplois autour d’elle. Le moyen le plus efficace d’assurer le transfert du haut savoir consiste à envoyer les chercheurs, avec toutes leurs connaissances, directement en entreprise.

« Conséquence de ce transfert, nous dit le physicien Georges Lacombe, le temps qui passe entre la découverte et ses applications s’est beaucoup raccourci. Demain, il sera pratiquement inexistant. » En effet, les technologies se développent à une vitesse foudroyante. Vous n’avez qu’à penser à l’ordinateur que vous avez acheté l’an dernier. Il est déjà dépassé!

Une mise en garde demeure. Les titulaires du haut savoir peuvent se rapprocher du secteur privé, mais ne doivent pas délaisser entièrement leur mission fondamentale. Si tout le monde se met à exécuter des contrats pour l’industrie et à faire de la recherche appliquée, qui va développer de nouvelles connaissances?

Cette délocalisation des chercheurs est bien présente dans la grande entreprise. Cependant, une crainte demeure pour les PME qui tardent à emboîter le pas. L’entreprise performante de demain, qu’elle soit grande ou petite, devra utiliser les nouvelles technologies en les harmonisant à sa stratégie d’affaires. Insistons donc sur la nécessité d’un déplacement scientifique vers l’entreprise!